En Allemagne à la fin du 19ème siècle, il n’existe aucune race de chien de berger. On trouve alors ce qu’on peut plutôt nommer des types régionaux: les bergers de Wurtemberg, de Thuringe, de Bavière, de la Hesse…
A partir de 1871, les Allemands préfèrent créer une race nationale, contrairement aux Français qui essayent de sélectionner différents types régionaux de chiens de berger.
Dès 1877-1878, certains éleveurs font une première sélection à partir de deux types:
Le Berger de Wurtemberg, grand et solide, au poil sombre et épais, à la tête puissante et aux oreilles tombantes, la queue est frangée et portée en sabre, son travail consistait à protéger les troupeaux en montagne.
Le Berger de Thuringe est très agile, son poil est court, épais et gris, avec une ossature moyenne, aux oreilles droites, sa rapidité et sa vigilance en faisait un remarquable conducteur de troupeaux.
Les chiots de ces premières expériences en matière d’élevage sont extrêmement différents, selon les régions, mais le succès commercial de ces animaux est acquis, certainement à cause de la ressemblance de certains avec les loups.
Les éleveurs Allemands réalisent une première tentative de regroupement dans un but d’amélioration de leurs chiens. On retrouve des chiens, de taille moyenne, à oreilles droites et à queue portée basse, robustes et rustiques, le but étant de créer une association de race s’orientant surtout sur l’esthétique, la société Phylax, mais le projet ne tiendra que 4 ou 5 ans.
Le premier Berger Allemand
C’est le capitaine de cavalerie Max Emil Frédéric von Stephanitz qui dirigera les premières années de selection du Berger Allemand.
Apres avoir longtemps admiré les chiens de berger, il a le coup de foudre le 3 avril 1899, au cours d’une exposition à Francfort, pour un jeune chien de troupeau gris et jaune au poil mi-long de type Thuringe, Hector Von Linkshrein, qu’il achète. Rebaptisé Horand Von Grafrath, du nom de la ferme qu’il a acquis en Bavière deux ans plus tôt.
Von Stephanitz et son ami Arthur Meyer créent dans la foulée le club de race Verein für deutsche Schäferhunde appelé en abrégé SV (Schäferhund Verein) le 22 avril 1899 à Karlsruhe, le capitaine sera à la tête du club pendant 35 ans.
Horand von Grafrath, né en 1895, dans l’élevage de Sparwasser, est le premier chien inscrit dans le livre des origines du Berger Allemand, il engendra plus de 1000 descendants en moins de 3 générations.
Le grand-père de Horand était un chien de berger tout blanc appelé « Greif Von Sparwasser ».
Le 28 septembre 1899, le premier standard de la race est publié, aucune couleur n’est exclue, mais on commence à remarquer une préférence pour les bergers de couleur gris, noir, marron.
Von Stephanitz annonce la ligne de conduite, qui veut qu’un Berger allemand soit avant tout un chien de travail.
Aribert Von Grafrath 1 an de couleur grise, né le 15 Avril 1903 et Roland von Starkenburg 3,5 ans de couleur noir, né le 1er Novembre 1903, sont deux des très nombreux petit-fils de Horand
Le club présente rapidement une activité importante et organisée, les progrès seront rapides grâce aux efforts des éleveurs (1 215 membres en 1906) à travers tout le pays.
Dans les années 1910, la consanguinité très étroite (parfois plus de 25%!), opérée par Vom Stephanitz avec Horand, en le mariant avec ses filles, petites filles, puis de nouveau en fesant des mariages consanguins frères/sœurs, demi-frères/demi-sœurs, … pour fixer le type qu’il souhaite, fait ressortir énormément de chiots de couleur blanche, qui sont inscrits dans le livre d’origine. A la même époque le berger allemand fait son apparition aux états unis, avec une sélection différente, privilégiant la beauté plutôt que le travail.
Max né le 23 juin 1913 est l’un des premiers Berger Allemand des Etats-Unis.
En 1914, le Berger Allemand fait son entrée en temps de guerre, plus de 28 000 chiens sont utilisés… Au lendemain de la guerre de nombreux chiens bien dressés retrouvent la vie civile. La popularité du Berger Allemand monte en flèche.
Dans les années 1920, c’est au tour de la France de découvrir le Berger Allemand. La Société du Chien de Berger d’Alsace (SCBA) voit le jour, les français considéraient auparavant que cette race française avait été volée par les Allemands en 1870.
En 1921, le Berger Allemand à poil long est écarter du standard, il n’a plus le droit de reproduire ni de ce présenter en expositions, les Berger Allemand à poil long étaient considérés comme plus fragiles avec des os cassants et bourrés de défauts… il faudra attendre le 1er janvier 2011 pour que le Berger Allemand à poil long soit officiellement reconnu en France par la SCC et FCI.
Le 8 octobre 1922, son origine Allemande est reconnue en France et la SCBA devient la Société du Chien de Berger Allemand.
Quelques tournants dans la sélection du Berger Allemand
En 1922, l’examen de Körung est mis en place pour la sélection des reproducteurs, afin de préserver les qualités de caractère à l’origine du succès de la race. Le Berger allemand devient un chien a la mode et très demandé. Les éleveurs produisent en nombre pour satisfaire la demande nationale et internationale. Il s’en suit un éloignement du type, avec des chiens de plus en plus grands et hauts sur pattes, le caractère d’origine s’estompe.
Ainsi en 1925, Von Stephanitz donna le titre de champion à un chien gris et feu plutôt petit, plus long que la norme jusque–là appréciée, au caractère bien trempé. La sélection qui s’en suit produit des chiens beaucoup moins rustiques.
Exposition de Francfort en 1926, juge Capitaine Max Von Stephanitz
Le standard de la race est modifié en 1930, toujours dans le sens de l’utilité avant tout.
Von Stephanitz s’éteint en 1933, après avoir bien servi la race pendant 35 ans. La même année la couleur blanche est interdite d’élevage et d’exposition, dès lors la majorité des chiots nés blanc sont tués à la naissance. Le « berger allemand blanc » a pu survivre grâce aux nord-américains qui ont continué l’élevage.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Berger Allemand va être utilisé à tous les niveaux et par toutes les armées du monde.
Norbo von der hohen Fichte né le 20 Aout 1946
La Naissance de l’Altdeutscher Schaferhund
Alt-deutscher Schafer-hund se traduit par Ancien-Allemand Berger-Chien, à la sauce française cela donne le « Berger Allemand Ancien Type ». Ce n’est pas une nouvelle race inventée, ce type de chien existe depuis près de 50 ans! Ce n’est pas non plus un type de Berger Allemand, l’AS n’est pas un BA .
L’AS est un descendant du Berger Allemand, certes, mais ce n’en ai plus un aujourd’hui! Au même titre que le Berger Blanc Suisse et bien d’autres cousins ou descendants du Berger Allemand qui sont aujourd’hui des races a part entières, l’AS n’est plus un BA!
C’est finalement en 1955 qu’une « solution provisoire » sera trouvée pour l’Allemagne, avec la reconnaissance de l’existence de deux États Allemands, la RFA coté Ouest occidental et la RDA coté Est communiste.
Coté Ouest:
En 1967 le Berger Allemand Blanc fait son retour en Europe grâce à Agatha Burchavec qui rentre dans son pays natal la Suisse, avec son chien Lobo White Burch, né le 5 mars 1966 aux USA. Le berger Blanc n’étant pas autorisé a reproduire avec le Berger Allemand, il continuera son chemin séparément, jusqu’à sa reconnaissance officielle par la FCI en 2002 en tant que Berger Blanc Suisse, mais avec son retour, un peu de retrempe dans le Berger Allemand notamment chez un éleveur Allemand, Martin Faustmann, qui avait acheter un descendant de Lobo.
Lobo White Burch
Le berger Allemand se transforme dans les années 70, avec l’apparition de la silhouette au dos descendant, qui lui procure une allure plus traînante, le Berger Allemand ne court plus, il trotte.
3 reproducteurs importants en sont à l’origine: Canto von der Wienerau, Quanto von der Wienerau et Mutz von Peltztierfarm. Leurs descendances croisées fixent le type morphologiques du Berger Allemand de nos jours.
Palme vom Wildsteiger Land née le 6 février 1979
Il faut attendre la moitié des années 80 pour avoir une nouvelle évolution: l’arrivée de deux fils de la chienne Palme von Wildsteiger Land: Uran von Wildsteiger Land et Quando von Arminius, qui domineront cette période et seront les seuls à l’origine de la race actuelle.
En 1982, Hermann Martin (élevage von Arminius) devient président du SV pour les 12 années suivantes.
Uran vom Wildsteiger Land, né le 12 mars 1981, a produit plus de 90 000 descendants en moins de 3 générations!
Quando von Arminius, né le 28 novembre 1981, a produit plus de 50 000 descendants en moins de 3 générations
Le Berger Allemand et sa nouvelle sélection plus axée sur la beauté, dont le dos est de plus en plus incliné suite aux demandes grandissantes, n’est plus apte au travail, il commence a décliner dans les disciplines sportives et c’est l’avènement du Berger Belge Malinois qui prend sa place de Numéro 1 du chien de travail.
Côté Est:
Les soviétiques restent axés sur une sélection de chiens de travail, le Berger Allemand étant un chien qui a déjà fait ses preuves. Les chiens aptes a un usage militaire sont plus rustiques, vifs, loyaux et intelligents, ils sont sélectionnés sur ces critères plutôt que sur l’apparence physique.
Les chiens sont entraînés et sélectionnés avec fermeté, seul les meilleurs reproduisent.
Fränzi vom Grafenstein, née le 7 Avril 1981, lignée DDR
Quelques chiens a poil long font leur retour et grâce a leurs aptitudes au travail et leur dos droit qui les rendaient moins sensibles a certains problèmes comme la dysplasie. La robe des chiens est souvent foncée, gris, noir, noir et feu avec un manteau très étendu.
La sélection de ces chiens à finalement aboutie a ce que l’on appel aujourd’hui les chiens de lignées DDR, lignées de l’Allemagne de l’Est.
Yasko vom Königswaldereck, né le 30 septembre 1988, lignée DDR
A la chute du mur de Berlin, le Berger Allemand de travail à été délaisser, beaucoup ont été donnés, vendus, abandonnés,…
Ces lignées DDR ont rapidement presque toutes disparues, seuls quelques élevages et passionnés les ont préservées tout en continuant ce type de sélection.
Ce sont ces lignées préservées qui sont a l’origine de l’Altdeutsche Schaferhund .
L’AS des années 2000
Le Berger Allemand Ancien Type commence lentement sa progression à travers l’Allemagne, les Pays-Bas la Belgique, la Suisse… et la France.
En 2006 est créer le premier club français de race de l’Altdeutsche Schaferhund, pour faire connaitre et reconnaître les Berger Allemand poil long en France: l’ASCF l’Altdeutsche Schaferhund Club Français. Pour fédérer les propriétaires, l’ASCF organise quelques expositions, il délivre ses propres pédigrées de naissance ASCF et confirme les chiens avec des pédigrées UCI ou à titre initial.
Les couleurs de robe sont toujours assez foncées, noir, fauve charbonné, noir et feu avec un manteau très étendu.
C’est une éleveuse hollandaise sous l’affixe Of Yend Yards qui fera la première, apparaître des AS à la robe bleue sur le continent européen. Une importation anglaise ou américaine? Un hasard de la génétique? Ceci restera un mystère, décédée dans un accident, et n’ayant pas souhaiter que ses chiens soient vendus à des éleveurs à sa mort, elle a bien faillie emporter avec elle toutes ses années de sélection.
Seulement deux chiots femelles de couleur bleu ont été adoptées et importées en France. C’est une révolution et un véritable engouement! un seul élevage français importe plusieurs chiens, notamment d’Angleterre et des Etats-Unis. Les couleurs bleu et argenté sont rare et se vendent bien car la demande est croissante, les robes s’éclaircissent.
Regalwise Leonardo Surefire, né le 10 août 2006 et importé des USA, a produit les premiers chiots de couleur argenté en France
Quelques nouveaux élevages encouragés par l’ASCF voient le jour, certains ce veulent puristes de l’Altdeutsche du dos droit, d’autres mélangeant les AS et les Berger Allemand poil long, espérant selon les bruits de couloirs, une prochaine reconnaissance de ces chiens par la FCI…
Mais le club ASCF ferme ses portes en peu de temps, ses détracteurs sont nombreux: d’un côté les éleveurs et passionnés de Berger Allemand LOF critiquent et dénigrent ouvertement, et de l’autre, au sein du club les adhérents sont trop peu nombreux et les admirateurs de l’AS lui tourne le dos, en effet ce club censé promouvoir l’AS, accepte les Berger Allemand poil long lors de ces expositions et encourage les mélanges Berger Allemand poil long et Altdeutsche Schaferhund. Premier échec pour un club français d’AS.
De quelques individus au début des années 2000, c’est presque 300 AS sur le territoire français a la fin des années 2000, il existe alors 6 élevages produisant des AS en france.
Les AS depuis 2010:
Dans la foulée du club ASCF, c’est un nouveau club français, La FFAS (Fédération Française de l’Altdeutsche Schaferhund) voit le jour en avril 2009, ce club français est affilé au club Francophone Belge VOE, qui est seul jusqu’alors a avoir créer un lien avec la France pour délivré les pédigrées. Ce club se veut plus droit que le précédent en ce qui concerne les AS, car les Berger Allemand poil long en sont exclus. Ce club ne durera pas longtemps non plus, sous prétexte que le Berger Allemand a poil long est officiellement reconnu par la SCC et FCI depuis le 1er janvier 2011, l’Atdeutscher Shaferhund, n’a plus de raison d’exister… Deuxième échec pour un club français d’AS…
En même temps grâce à la FFAS qui a fait découvrir plus largement l’AS aux français, c’est la montée du club Belge VOE, qui voit de plus en plus d’éleveurs et particuliers, de plusieurs nationalités, participer a ses expositions, notamment celle de Ingelmunster, qui devient le rendez-vous annuel des retrouvailles entre passionnés d’AS!
En 2013, c’est la chute du VOE, depuis des années le club Belge est incapable de délivrer les résultats de dépistages de santé en temps et en heure, les éleveurs sont freinés dans leur programme de reproduction, et les délais d’attente pour obtenir les pédigrées d’une portée, sont de plusieurs mois voir plus d’un an! Le raz le bol monte, les éleveurs quittent uns à uns le VOE, pour d’autres clubs tenant promesses, sauf quelques éleveurs qui ont le mérite d’être patients.
Le travail de sélection des éleveurs français devient plus rigoureux et la myélopathie dégénérative devient l’un des tests supplémentaires incontournable pour le dépistage de santé des reproducteurs.
L’AS est en plaine expansion en France, les premières lignées DDR importées d’Allemagne et de Belgique sont rejointes régulièrement par de nouvelles lignées Anglaises et Américaines.